Qui pourra encore dire : “Il n’y a pas d’auteure femme ?”

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Par Catherine Tullat | Publié le 28/06/2013

Un marathon de lecture pour lutter contre l’invisibilité des auteures

Du vendredi 15 juin 22h au samedi 16 juin 22h, 72 auteures se sont succédé sur la scène de Confluences dans le cadre d’un marathon de lecture de 24 heures non-stop. Un événement audacieux et engagé, où chacune des participantes a eu 15 minutes pour partager un extrait de son œuvre, qu’il s’agisse de pièces de théâtre, de romans ou de textes courts. L’objectif ? Mettre fin à la rumeur persistante qui prétend qu’il n’y a pas d’auteures femmes.

Le lieu, Confluences, symbole d’engagement artistique, a accueilli ces voix féminines pour montrer que les auteures existent tout autant que leurs homologues masculins. Nous existons, affirme la voix des 72 auteures, « même si nous sommes moins représentées et souvent laissées dans l’ombre ». Loin de se laisser écraser par les arguments fallacieux ou les excuses des institutions, ces auteures ont voulu faire entendre leurs voix et rappeler que les femmes écrivent aussi pour tous, sans exception. Ce marathon, initié par Carole Thibaut, auteure, metteuse en scène et fondatrice de la Compagnie Sambre, est un acte artistique et politique majeur pour faire avancer la parité dans le monde du théâtre.

Une réflexion collective sur la parité dans le spectacle vivant

Ce marathon n’a pas seulement été un lieu de lecture, mais aussi de réflexion et de prise de conscience. Plusieurs interventions ont enrichi l’événement, dont celle d’Aurore Evain, dramaturge, chercheuse et co-directrice de l’anthologie Théâtre de femmes de l’ancien régime. Elle a présenté un état des lieux, mettant en lumière les inégalités persistantes dans le monde du spectacle vivant. Les chiffres sont sans appel : la situation des femmes dans ce domaine n’a que peu évolué depuis des siècles, et dans certains cas, elle semble même se détériorer.

Véronique Ataly, vice-présidente de HF Île-de-France, et Blandine Pélissier, co-fondatrice de l’association, ont également présenté la saison égalité H/F et les avancées réalisées depuis la création de cette initiative. Toutefois, malgré ces progrès, la répartition reste déséquilibrée. Les théâtres nationaux sont majoritairement dirigés par des hommes, les programmations favorisent souvent des auteurs masculins et les instances de décision sont dominées par le même sexe.

Un regard qui change, mais la route reste longue

Malgré ce constat accablant, des avancées se dessinent. Le regard sur la place des femmes dans le milieu artistique commence à évoluer, et des initiatives comme HF Île-de-France ouvrent la voie à une meilleure représentation. Cependant, pour que ce changement soit durable, les femmes doivent non seulement occuper davantage de places dans les commissions, mais aussi prendre le pouvoir à la direction des théâtres, dans les conseils d’administration et les instances décisionnelles.

La question des auteures reste centrale : ceux qui affirment qu’ils ne trouvent pas d’auteures à éditer ou à mettre en scène sont invités à se rendre sur le blog L’Habitude de la Liberté, où un répertoire d’auteures leur prouvera qu’il existe bien une richesse littéraire féminine prête à être partagée.

À partir de maintenant, il sera difficile de prétendre qu’il n’y a pas d’auteures femmes. Cet événement et cette mobilisation ouvrent la voie à des changements structurels, mais aussi à une plus grande reconnaissance de l’impact des femmes dans le monde de la culture et du spectacle vivant.

Pour en savoir plus, visitez le blog L’Habitude de la Liberté, une ressource essentielle pour toutes celles et ceux qui souhaitent découvrir la richesse des auteures contemporaines.

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