À la rencontre d’une personnalité du monde du théâtre…
Dans cette archive, nous découvrons un entretien exclusif avec Sophie Dupont, une autrice et metteuse en scène qui se distingue par sa capacité à aborder des thèmes intimes avec une grande profondeur. À travers ses pièces, elle explore la relation entre l’individu et la société, tout en proposant un théâtre de l’émotion brute.
Sophie Dupont : l’intimité au service du collectif
Isabelle Martin : Sophie, tu parles souvent de “l’intime” dans tes pièces. Qu’est-ce qui t’amène à explorer ce territoire dans le cadre de la scène ?
Sophie Dupont : L’intime, pour moi, n’est jamais un repli sur soi-même. Bien au contraire, l’intimité est ce qui nous lie aux autres. C’est dans les moments les plus personnels que les conflits et les contradictions sociales deviennent les plus évidents. Mes personnages sont souvent pris dans des situations où leur vie privée se heurte à des attentes sociales ou culturelles. C’est là que la tension dramatique prend forme. Ce que je cherche, c’est l’universalité de l’intime. Comment des émotions profondes, souvent enfouies, résonnent dans des contextes collectifs, des sociétés, des groupes.
Écrire pour dépasser les frontières sociales et personnelles
Isabelle Martin : Dans tes pièces, on retrouve souvent des personnages qui cherchent à dépasser leurs propres limites. Comment travailles-tu leurs évolutions dans le texte ?
Sophie Dupont : Mes personnages sont en quête, toujours en quête de sens. Ils sont souvent confrontés à des dilemmes moraux, mais aussi à des questionnements existentielles. Ce que j’aime dans l’écriture, c’est l’évolution progressive des personnages, leur transformation au fur et à mesure de l’intrigue. Ce n’est jamais une simple question de solution, mais une manière pour eux d’affronter des vérités, parfois douloureuses. L’évolution est dans la confrontation avec soi-même, avec ses contradictions. C’est une forme de réconciliation, mais pas nécessairement une guérison.
Le théâtre comme espace de résistance
Isabelle Martin : Le théâtre semble être pour toi un moyen d’expression, mais aussi un moyen de résistance. Quel rôle penses-tu qu’il puisse jouer dans la société actuelle ?
Sophie Dupont : Le théâtre a cette forme de résistance discrète, mais essentielle. Dans un monde saturé d’informations, où tout se passe vite, le théâtre nous impose de ralentir, de réfléchir, de nous confronter à ce qui se cache derrière les apparences. C’est une forme d’opposition à la consommation de masse, une façon de remettre en question les modèles de société. Je pense que l’art a un rôle de catalyseur : il permet de faire surgir ce qui est souvent caché, mis sous silence, et d’ouvrir un espace pour une réflexion collective.
Projets futurs et nouvelles créations
Isabelle Martin : Peux-tu nous parler de tes projets à venir ?
Sophie Dupont : Je travaille actuellement sur une pièce qui traite de la réconciliation collective, mais sous un angle un peu plus noir. Je veux explorer comment, face à des tragédies sociales, l’individu cherche à se reconstruire, parfois de manière aveugle. C’est une pièce qui pose la question de la mémoire et de la façon dont on choisit de se souvenir ou de se reconstruire après une blessure collective. Ce projet est à la fois personnel et politique. Je crois que ce sont les fractures collectives qui révèlent nos individualités.
Crédit : Entretien réalisé par Isabelle Martin
Date de l’entretien : 21 juin 2010
Dans cet entretien, Sophie Dupont nous plonge dans l’univers de l’intime et du collectif, nous invitant à réfléchir sur la manière dont le théâtre peut agir comme un miroir de la société tout en offrant un espace pour la transformation personnelle. Une autrice et metteuse en scène dont les projets à venir continuent d’explorer des questions profondes et universelles.