L’ÉDITORIAL DU MOIS

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Octobre 2009
De la contestation
par Astrid Cathala – Directrice littéraire des éditions L’Œil du souffleur

Alors non, vous ne nous trouverez pas dans toutes les librairies de France et de Navarre. Parce que toutes ne veulent pas de nous. Parce que X, parce que Y, parce que Z… Parce que c’est toujours la faute de quelqu’un ou de quelque chose.

Voilà, c’est dit. Puisque c’est ça qu’on veut entendre en premier.

Alors quoi ? On fait quoi ?
Parce que des envies, des idées, des opinions, ce n’est pas ce qui manque. On nous annonce la fin : la fin du livre, la fin du monde. Alors quoi ? On baisse les bras ? On se plaint encore ? On refait un colloque sur la crise ?

Moi, je dis non. Je choisis d’en faire, des livres. D’en lire. D’en parler. D’en jouer. Je rectifie, j’assume, j’oriente, j’essaye. Même dans ce contexte saturé de technologies tapageuses, de machines bien huilées qui servent de prétextes – roublards ou sincères – à tout et à tous.

Pas d’argent ? Mauvaise diffusion ? Pas assez de communication ? Des auteurs trop ceci, des lecteurs pas assez cela ? On les connaît, ces litanies. Toujours les mêmes rengaines, toujours ce mot à la bouche : l’argent.

Respirons.

Oui, les livres, c’est difficile. Et alors ? Qu’ils deviennent rares ! Qu’ils soient précieux. Moins de livres, mieux de livres. Pas de pilon. Pas de déchets, même recyclables. De la densité, pas de la quantité.

Et s’ils venaient à disparaître, retenez-en quelques pages dans vos mémoires. Écrivez-les. Si vous savez encore écrire.

Transmettre, c’est contester.

– Astrid Cathala
Directrice littéraire des éditions L’Œil du souffleur

P.S. : Ce texte a été écrit à l’occasion de la parution du Manifeste pour un théâtre musical populaire de Jean-Luc Annaix et Jonathan Kerr, premier titre de la série Coup de gueule, ainsi que de la rentrée littéraire… diluvienne, celle de 2009.

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